En 1950, peu avant de proclamer le dogme de l'Assomption,
Pie XII, alors qu'il se promenait dans les jardins du Vatican assista plusieurs
fois au même phénomène qui s'était vérifié en 1917 au terme des apparitions de
Fatima, et il le considéra comme une confirmation céleste de ce qu'il était en
train d'accomplir.
Une circonstance jusqu'à présent connue uniquement grâce au
témoignage indirect du cardinal Federico Tedeschini qui en parla pendant une homélie.
Aujourd'hui, un document exceptionnel et inédit sur cette
vision, conservé par la famille du Pontife, émerge des Archives privées
Pacelli: une note manuscrite de Pie XII lui-même, écrite au crayon de papier au
verso d'une feuille dactylographiée, dans les derniers temps de sa vie, où, à
la première personne le Pape relate ce qui lui est arrivé. La note sera exposée
en novembre prochain lors de l'exposition vaticane dédié à Papa Pacelli pour le
cinquantième anniversaire de sa mort. Le compte-rendu est sec, de style presque
notarial, sans nulle concession au sensationalisme.
"C'était le 30 octobre 1950", avant-veille du jour
de la proclamation solennelle de l'Assomption, explique Pie XII. Le Pape était
donc sur le point de proclamer comme dogme de la foi l'Assomption corporelle au
ciel de la Sainte-Vierge à l'instant de sa mort, et il le faisait après avoir
consulté l'épiscopat mondial, unanimement d'accord: seulement six réponses sur
1181 manifestaient quelque réserve.
Vers quatre heures de cet après-midi, il faisait
"l'habituelle promenade dans le jardin du Vatican, en lisant et en
étudiant".
Pacelli se souvient que, tandis qu'il montait de la place de
la Madone de Lourdes "vers le sommet de la colline, dans l'allée de droite
qui longe la muraille d'enceinte", il leva les yeux de ses feuilles.
"Je fus frappé par un phénomène, que je n'avais jamais
vu jusqu'alors. Le soleil, qui était encore assez haut, apparaissait comme un
globe opaque jaunâtre, entouré tout autour d'un cercle lumineux ",
qui
cependant n'empêchait en aucune façon de fixer le regard "sans en
ressentir la moindre gêne. Une très légère nuée se trouvait devant ".
"Le globe opaque - poursuit Pie XII dans la note
inédite - se mouvait à l'extérieur légèrement, en tournant, et en se déplaçant
de gauche à droite et vice-versa.
Mais dans l'intérieur du globe on voyait avec
une grande clarté et sans interruption de très forts mouvements ".
Le Pape atteste avoir assisté au même phénomène le jour
suivant, 31 octobre, et le 1er novembre, jour de la proclamation du dogme de
l'Assomption, puis de nouveau le 8 novembre. Ensuite plus rien".
Il se rappelle aussi avoir cherché à "plusieurs
reprises" dans les jours suivants, à la même heure et dans des conditions
atmosphériques semblables, "à regarder le soleil pour voir si le même
phénomène apparaissait, mais en vain; je ne pus le fixer, pas même l'espace
d'un instant, je restai immédiatement la vue éblouie ".
Dans les jours suivants Pie XII relate le fait "à
quelques intimes et à un petit groupe de Cardinaux (peut-être quatre ou cinq),
parmi lesquels le Cardinal Tedeschini". Ce dernier, en octobre de l'année
suivante, en 1951, doit se rendre à Fatima pour clore les célébrations de
l'Année Sainte. Avant de partir il est reçu en audience et demande au Pape de
pouvoir citer la vision dans son homélie.
"Je lui répondis : "Laissez, il ne faut pas".
Mais il insista - continue Pie XII dans le manuscrit - en soutenant
l'opportunité de cette annonce, et alors, je lui expliquai quelques détails de
l'événement ".
"Ceci est, en termes brefs et simples - conclut Papa
Pacelli - la pure vérité".
"Pie XII était très persuadé de la réalité du phénomène
extraordinaire, auquel il avait assisté bien quatre fois", déclara Soeur
Pascalina Lehnert, la religieuse gouvernante de l'appartement papale. Ce qu'on
nomme "le miracle du soleil" s'était déjà produit le 13 octobre 1917
à Fatima, au terme des apparitions aux trois bergers.
M. Avelino d'Almeida, journaliste laïque et non-croyant,
envoyé par le quotidien O Seculo et témoin oculaire le raconte ainsi dans sa
chronique : "Et on assiste alors à un spectacle unique, et en même temps
incroyable pour qui en n'en a pas été témoin... On voit la foule immense se
tourner vers les soleil débarassé de nuages, en plein jour. Le soleil rappelle
un disque d'argent décoloré et il est possible de le regarder de face sans
subir le moindre malaise. Il ne brûle pas, n'aveugle pas. On dirait une éclipse
".
Pie XII était très lié à Fatima : la première apparition aux
trois bergers s'était en effet produite le 13 mai 1917, le jour-même où Pacelli
était consacrés archevêque dans la chapelle Sixtine. Il est attesté que Pie XII
et l'unique survivant des trois voyants, soeur Lucia Dos Santos, resteront
toujours en contact, et le Pontife, dans la dernière année de sa vie,
conservera le texte du Troisième secret de Fatima dans son appartement.
"Plusieurs fois - a déclaré la marquise Olga Nicolis de
Robilant Alves Pereira de Melo, en témoignant au procès de béatification de
Pacelli," je transmis à messages du Saint-Père pour Soeur Lucia et de
cette dernière pour lui, mais comme j'avais promis de ne jamais rien révéler à
qui que ce soit, je ne me sens pas autorisée à le faire maintenant ".
Andrea Tornielli
tiré de "il giornale" 2008
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